DAJMA | Chapitre 15 – La Cité des Secrets
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Chapitre 15 – La Cité des Secrets

Deux armes de poing, des semi-automatiques aux canons nickelés, étaient posées tête-bêche à même le sol.
–  C’est noël, dit le flic.
–  On ne touche pas ! dit sèchement Ménard, en composant le numéro du labo. Allô ? on a besoin d’une équipe en urgence au squat de la rue Haute. Quoi, quel numéro ? J’en sais rien ! Renseignez-vous, bordel. Il raccrocha et désigna deux de ses hommes.
–  Vous restez ici. Interdiction à quiconque de pénétrer dans la chambre avant les techniciens. Vous ne bougez et ne touchez à rien. Si jamais je découvre une des vos empreintes où que ce soit dans cette pièce, je vous cloue à la porte de la taule tête en bas.
–  C’est bon, on n’est pas débile, dit le plus jeune des deux flics.
–  En tous cas, c’est dit. On enveloppe les mains et on ne le touche pas sans gants, pigé ?
Ménard et ses deux autres séides enfilèrent des gants en PVC et saisirent leur prisonnier par les quatre membres avant de l’emporter vers le rez-de- chaussée.
Une fois arrivés dans la cour, ils attendirent l’arrivée des techniciens et de l’ambulance.
Ménard appela sa patronne.
–  On a un suspect qui colle avec la photo, dit-il. Pas de papiers, mais deux semi-automatiques trouvés en sa possession.
–  Beau boulot. Vous l’amenez sans délai, dit Sophie Heider.
–  Ça ne va pas être possible, patron. Il est inconscient.
–  C’est vous qui…?
–  Non. Il n’a même pas réagi quand on l’a choppé. Il est probablement chargé à double zéro. Il respire, c’est tout ce que je peux dire. On l’emmène à la Timonerie.
–  Parfait. Je vous retrouve là-bas. Ah, Ménard ! Prenez une photo de son visage et envoyez-la ici, qu’on puisse avancer sur l’identification.
Il s’appelle Thomas Magnus, écrivain
Sophie Heider, connaissant la brutalité de son subordonné, avait le sentiment que quelque chose devait clocher, d’autant que cette capture lui paraissait trop facile.
Elle ne laissa rien paraître de ses doutes devant sa secrétaire et quitta son bureau en cherchant sa clé de voiture dans ses poches.
Ménard l’attendait devant l’entrée des urgences. Il n’y avait pas, ni à la Timonerie ni ailleurs en ville de section hospitalière prévue pour les gardés à vue, faute de crédits, mais l’adjoint de Sophie Heider avait placé deux hommes devant le box, et pour faire bonne mesure, leur prisonnier inconscient était menotté d’un bras à son lit malgré les protestations du personnel hospitalier. Ses mains étaient toujours enveloppées de sacs en plastique, en attendant qu’on fasse des tests sur sa peau.
Sophie demanda à le voir. L’inconnu était à présent dépouillé de son imper et de ses tennis percées, enveloppées dans un sac plastique accroché au rebord du lit. Une perfusion était plantée à la saignée de son bras gauche, et sa pomme d’Adam saillait vers le plafond, tandis que le goutte-à-goutte de glucose et de caféine s’infiltrait dans ses artères.
Il avait toujours les yeux mi-clos, sa poitrine étroite se gonflait et se dégonflait à un rythme régulier, et un souffle léger mais persistant s’échappait de ses lèvres gercées.
– Bizarre, on dirait tout sauf un tueur, se dit Sophie. Ne pas se fier aux apparences.
Son portable sonna, et elle décrocha sans cesser de fixer l’homme inconscient.
–  Il s’appelle Thomas Magnus, écrivain, lui dit Ronan. Il est né ici. Pas de domicile connu.
–  Ecrivain ?
–  Oui. Il y a une plaquette de poésie qui porte son nom.
–  Trouve la moi.
–  Ok. Et il est stické.
–  Pour quels délits ?
–  Consommation de drogues, bagarres, ivresse sur la voie publique et résistance à une arrestation il y a cinq ans… Rien de bien grave.
–  Ok, continue à fouiller, dit-elle en raccrochant et en se tournant vers Ménard. Thomas Magnus, écrivain, autochtone, consommateur de stupéfiants.
Son téléphone sonna à nouveau. C’était le même numéro.
– Il a fait deux séjours en hp, dit Ronan. Un de deux mois, un de six. Hospitalisation volontaire pour le premier séjour, libre pour le second. « Volontaire », contrairement à ce que suggère l’appellation, signifie placement sur recommandation d’un tiers.
–  Bien, va les voir. J’attends de tes nouvelles. Deux séjours en hp, répéta-t-elle.
–  Bon, il y a pris goût, dit Ménard. Déprime, TS ? Il y a un truc qui ne colle pas tout à fait, on dirait. Surtout avec les deux calibres. Sig Sauer et Beretta, 9 mil, trouvés sous son lit. Du matos récent, d’après ce que j’ai pu voir, et en bon état de marche. De la très bonne camelote, pas du pistolet d’alarme bricolé.
Sophie acquiesça.
Je rentre à la boîte. Dès qu’il se réveille, vous m’appelez.

 

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