DAJMA | Chapitre 4 – La Cité des Secrets
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Chapitre 4 – La Cité des Secrets

Et soudain, tout dérapa

Gaëlle dit à Marianne qu’elle la rappellerait plus tard. Elle avait un rendez- vous. Marianne lui dit qu’elle l’embrassait, percevant le brouhaha du café dans l’écouteur. Gaëlle sourit sans penser à raccrocher, en entrant dans le café, touchée par l’affection et la persévérance de son ex belle-mère. Son amie n’était toujours pas en vue. Elle chercha une place libre et un peu à l’écart. Marianne restait songeuse, le portable à la main, pensant à Gaëlle, qu’elle considérait comme sa fille.

Gaëlle n’entendit pas tout de suite ce qui se passait au fond de la vaste salle compartimentée par des cloisons et des colonnes. Des cris fusaient par dessus le brouhaha général, mais les disputes n’étaient pas rares dans le café bondé, et elle était concentrée sur sa recherche. Elle continua à avancer, et soudain tout dérapa. Un miroir plaqué sur une colonne éclata devant elle, projetant des éclats dans tous les sens, des gens surgirent de nulle part, la bousculèrent violemment, elle prit un coup sur la tempe gauche, tomba en laissant échapper son portable, et s’évanouit.

L’homme à l’imper avait sous estimé la capacité de réaction de la foule du café. La panique, au lieu de lui libérer le passage, le refoula vers le fond sans issue, et il dut tirer à deux reprises en l’air pour repousser les assauts de la foule. Il dut jouer aussi de la crosse et des coudes pour réussir à reprendre le chemin de la sortie, et c’est ainsi que dans un de ses moulinets, la crosse de son arme percuta violemment la tempe de la jeune avocate.

Que puis-je pour vous, Madame Bel ?

Marianne entendit des cris. Elle porta à nouveau le portable à son oreille, vaguement inquiète.
– Gaëlle ? Gaëlle ?
Elle n’obtint aucune réponse. Pourtant la ligne était toujours active. Elle n’osait plus raccrocher, et pour une fois, se trouvait démunie.
Elle posa le portable devant elle après avoir appuyé sur la touche haut- parleur, décrocha le fixe du bureau, et appela la ligne du cabinet Walmer où travaillait Gaëlle.
–  Je voudrais parler à Bruno Walmer, de la part de Marianne Bel, dit-elle dès qu’on eut décroché.
–  Je vous passe son assistante, répondit une voix de jeune femme.
–  Non, attendez.
Trop tard, la ligne avait déjà basculé.
–  Allô, que puis-je pour vous, Madame Bel ? dit une autre voix jeune et féminine.
–  Je voudrais parler à Bruno Walmer, s’il vous plaît, répéta Marianne.
–  Il est au téléphone, je ne peux pas le déranger.
–  Je suis la belle-mère de Gaëlle, c’est extrêmement urgent et important.
Marianne se rendit compte qu’elle avait élevé la voix.
– Très bien Madame, je vais voir…
L’interruption fut de courte durée. Cette fois, c’était la voix de Walmer.
–  Marianne ? Excusez-moi, je cherche à joindre Gaëlle moi aussi, elle m’a prévenu qu’elle avait rendez-vous dans le centre avant de rejoindre le cabinet, et j’avais besoin de…
–  Elle ne répond pas, je sais. J’étais – je suis toujours en ligne avec elle, mais il se passe je ne sais quoi, peut-être qu’on lui a volé son portable… Il y a de drôles de bruits sur la ligne, j’ai entendu des cris…
–  Vous savez d’où elle vous appelait ? la coupa Bruno.
–  Non…
–  Attendez un instant.
Marianne entendit un bref conciliabule, avant que Bruno Walmer la reprenne.
–  Apparemment il s’est passé quelque chose tout près d’ici.
–  Quel genre de chose ?
–  Je ne sais pas bien, peut-être un attentat…
–  Un attentat chez vous ? Aujourd’hui ?
Marianne se sentait prise dans un étau, elle retint un gémissement.
–  Je vais aller tout de suite sur les lieux voir ce qui se passe et je vous rappelle, dit Walmer.
–  Vous me le promettez? demanda Marianne d’une voix qu’elle ne reconnut pas.
–  Oui. Je vous rappelle dans les dix minutes.
–  Vous avez mon numéro ?
–  Oui.

Il raccrocha et Marianne reporta toute son attention sur le portable.
Il émettait le genre de crachotements et de sons indistincts qu’un portable émet quand il se connecte avec un autre sans que son propriétaire en soit averti. Elle percevait des voix lointaines, des sons qu’on pouvait assimiler au bruit de la circulation, à des pas peut-être, à des déplacements de meubles.
Elle n’avait qu’une envie. Se lever, foncer à la gare de Lyon et prendre le premier train pour retrouver Gaëlle. Elle n’était pas sa mère biologique, mais elle avait élevé la jeune femme. C’était le seul enfant qu’elle aurait jamais.

Version PDF : Je voudrais parler à Bruno Walmer, de la part de Marianne Bel